La grande illusion
Le cinéma a toujours raffolé des histoires d’évasion. Récits épiques ou huis-clos intimistes, films de guerre ou de prison, tragédies ou comédies, celles-ci reflètent autant les injustices, la violence et les conflits qui déchirent les hommes que leur propension à la solidarité et à la compassion. L’inventivité que les personnages consacrent à s’échapper renvoie à celle des cinéastes qui mettent en scène leur emprisonnement pour mieux le faire éclater : un jeu toujours minutieux, sur fond de contraintes spatiales et de course contre la montre.
« [...] Sorti en 1937, soit deux ans avant le début de la Deuxième Guerre mondiale, La grande illusion se déroule pendant la Première Guerre mondiale. Divisé en trois actes, le film s’attarde aux interactions entre quatre hommes : le lieutenant Maréchal (Jean Gabin), le capitaine de Boëldieu (Pierre Fresnay), et le lieutenant Rosenthal (Marcel Dalio), trois Français, et l’Allemand von Rauffenstein (Erich von Stroheim), un commandant qui deviendra capitaine. De camps de prisonniers en tentatives d’évasion, les quatre hommes sympathisent. Boëldieu et von Rauffenstein, deux aristocrates, se vouent un respect mutuel particulier sous l’oeil parfois perplexe de Maréchal et de Rosenthal, respectivement mécanicien et couturier. [...] » (François Lévesque, Le Devoir, 2017)
Jean Renoir
Deuxième fils du célèbre peintre Auguste Renoir, ses films ont profondément marqué les mutations du cinéma français entre 1930 et 1950, avant d'ouvrir la voie à la Nouvelle Vague. Après avoir combattu dans l'armée lors de la Première Guerre mondiale, il dirige sa femme et son frère aîné dans son premier film en 1924, La fille de l'eau. Le succès n'est pas au rendez-vous mais le jeune Jean, passionné de cinéma, ne baisse pas les bras. Sa carrière décolle vraiment avec La chienne, en 1931. La grande illusion, avec Jean Gabin ou La règle du jeu, sont considérés aujourd'hui comme des chefs-d'oeuvre majeurs du cinéma mondial. Au début des années 40, alors que la guerre est déclarée, il part s'installer à Hollywood. Il y réalise de nombreux films comme Vivre libre, L'homme du sud, Le journal d'une femme de chambre, mais le succès n'est pas au rendez-vous. Il décide donc de revenir en France au début des années 50. Il tourne alors plusieurs chefs-d'oeuvre comme Le carrosse d'or ou French Cancan. En 1962, il tourne son dernier film de cinéma, Le caporal épinglé. En 1975, il reçoit un Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière, avant de mourir quatre ans plus tard à Beverly Hills, en Californie.