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№ 16, PHOTOGRAPHES DE PLATEAU
juillet 1983

Vendre une histoire sur un instant figé, du mouvement sur une image immobile, faire rêver à la passion, promettre du désir ou de la terreur sur un 18x24, cela confine au génie.

Claude Chabrol

Objet essentiel à la séduction dans toute publication de cinéma, la photographie de plateau a toujours été tenue, du moins au Québec, à l’écart d’une reconnaissance officielle par l’institution cinématographique. COPIE ZÉRO a le désir de combler ce manque en vous faisant participer à sa découverte de ces photos de films et de leurs auteurs. Ils ont indéniablement marqué notre production cinématographique.

Le photographe de plateau est celui qui réussit à rendre immobile et à témoigner sur un cliché ce qui est impressionné à 24 images/seconde; cette photo, à ne pas confondre avec le photogramme (image tirée directement du film) doit transmettre la notion de durée, l’intensité d’une émotion, le sens de toute une scène et ce, sans l’appui d’une bande sonore, sans la continuité du mouvement. Nous devons aussi à cet artisan les plus beaux portraits de vedettes, de réalisateurs et de techniciens du cinéma.

Producteurs et distributeurs attendent de lui les images indispensables à l’exploitation du film, capables d’inciter le spectateur à se rendre dans les salles. Et pourtant ils reconnaissent difficilement le rôle vital qu’il joue. Sur un tournage il fait trop souvent figure d’importun. Dérangeant, on ne lui accorde pas toujours le temps nécessaire pour bien préparer sa prise. Il est condamné à “voler” son cliché et même quelques fois il n’est engagé que pour les principales scènes du film. Faute d’alternatives, il en tire son parti et se fait discret tout en établissant d’efficaces connivences avec les autres membres de l’équipe.

D’un point de vue historique, les photographies de plateau sont des objets nécessaires à toute étude ou recherche sur le cinéma. Souvent elles contrarient la fatalité de la destruction d’un art encore fragile parce que trop jeune et peu préoccupé de sauver ses propres traces. Ces photos préservent ainsi de l’oubli visages, façons de filmer et conceptions du cinéma.

Voici donc la mémoire, immédiate et accessible, de films déjà vus ou à voir encor.

Pierre Jutras