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№ 12, Le cinéma : théorie et discours
janvier 1970

En convoquant du 28 au 30 octobre 1983 son deuxième colloque qui portait sur le thème : Le cinéma, théorie et discours, l'Association québécoise des études cinématographiques désirait témoigner des récentes recherches en cinéma au Québec tout autant que de faire un peu le point sur la “révolution théorique” de ces dernières décennies dans la recherche et la lecture cinématographiques. Pour atteindre ces objectifs, nous avions organisé trois ateliers thématiques :

  1. 1
    Les discours analytiques et critiques
  2. 2
    Le cinéma, la profession, les institutions
  3. 3
    Les pratiques d’écriture et les choix des récits.

Le premier atelier devait stimuler la réflexion sur la nécessité théorique, hier et aujourd’hui, ici ou à l’étranger. Rappeler notre passé critique, en mesurer la dimension analytique et questionner nos pratiques théoriques s’avérait urgent. En effet il s’est amorcé depuis quelques années un certain renouveau de la recherche, ceci malgré l’absence de revues polémiques en cinéma. Plusieurs chercheurs désiraient renouer avec les expériences et les acquis du passé. Par ailleurs il fallait répondre à un courant qu’on pourrait qualifier d’anti-intellectualiste qui remet en question la validité des pratiques théoriques et conduit à l’appauvrissement général des analyses.

Le deuxième atelier cherchait à dégager de quelles manières les institutions cinématographiques sont porteuses de discours et de points de vue théoriques pour arriver à saisir comment les différentes politiques cinématographiques influencent le développement des films. On néglige trop souvent de faire la relation entre le discours des associations professionnelles, les politiques gouvernementales et la production concrète d’une époque donnée et il nous a semblé intéressant de baliser un peu cette réflexion à l’occasion de cet atelier.

Le troisième voulait permettre de faire connaître, autour de l’axe pratiques d’écritures / choix des récits, l’état des recherches sur le cinéma telles qu’elles s’effectuent aujourd’hui. Autour d’exemples variés et différents les uns des autres, il nous a été permis de discerner un certain nombre de tendances analytiques actuellement en cours au Québec.

Ces ateliers furent d’entrée de jeu mis en perspective par la communication d’Alain Bergala et la présentation de son film qui révélaient non seulement une réflexion pertinente sur le cinéma et une réalisation tout à fait singulière mais aussi permettaient d’établir de façon dynamique l’articulation entre la théorie et la pratique et de mettre en lumière comment ils peuvent s’alimenter mutuellement.

Le public fut également mis à contribution et la centaine de participants qui assista activement aux trois jours que dura le colloque permit aux intervenants de développer davantage leur pensée ou de mesurer certaines distances entre leurs préoccupations ou approches et celles de l’assemblée. Tous ces débats furent enregistrés et nous aurions bien voulu en publier de larges extraits si des contraintes éditoriales ne nous en avaient empêchés. Ils existent néanmoins sur bande pour le bénéfice de quelques chercheurs intrépides ou de curieux courageux.

Il reste certes à poursuivre ce retour sur l’histoire des institutions et de la critique cinématographique au Québec. Les discours théoriques dans L’Écran, Séquences, Objectif, Cinéma-Québec jusqu’aux plus récentes interventions de Format Cinéma et de 24 images mériteraient une attention critique.

À poursuivre aussi cette mise à jour du rôle des politiques, des individus et des moyens qui ont freiné ou stimulé le cinéma au Québec.

À approfondir la recherche méthodologique pour non seulement découvrir les signes cachés du discours filmique et ses procédés de continuité ou de discontinuité mais également contribuer à l’éclosion d’un milieu fertile et propice à la poursuite d’une telle entreprise, lequel faciliterait les échanges sur le plan national et international.

Certains verront dans ces présentations un signe de l’éparpillement des pensées au Québec, d’autres la richesse des démarches en mouvement, d’autres l’éclatement des différents discours théoriques et l’incompatibilité des approches historique, sociologique, existentialiste ou sémiologique, voire même la mort ou le dépassement de chacune d’elles.

Il n’était pas de notre ressort de trancher. Juxtaposer, faire connaître, déblayer l’horizon, permettre la conquête de nouveaux espaces et finalement faire reconnaître par qui de droit la pertinence et la validité des recherches et des études en cours au Québec, telles étaient les motivations de l’exécutif de l’AQEC qui vous propose, en collaboration avec la Cinémathèque québécoise, de partager cette réflexion par la publication de ces actes.

Alain Bergala présentant FAUX-FUYANTS de lui-même et Jean-Pierre Limosin Alain Bergala présentant FAUX-FUYANTS de lui-même et Jean-Pierre Limosin
Photographie Pierre Véronneau