L'Acadie, l'Acadie?!?
Après plusieurs films portraits jamais univoques de figures culturelles québécoises, Simon Beaulieu, qui est aussi scénariste, poursuit une trajectoire rapprochant son propos du film-essai. En plus de montrer ses films, la carte blanche que nous lui offrons témoigne de la diversité de ses influences et de l'éclectisme de ses goûts.
Le réveil acadien à l'Université de Moncton, en 1968-69, à l'heure du bilinguisme et du biculturalisme.
Michel Brault
Né en 1928, Michel Brault se consacre d’abord à la photographie. Il se joint à l’Office national du film en tant que caméraman en 1956. Il collaborera notamment à quelques films de la fameuse série Candid Eye, produite par l’équipe anglaise. Il se tourne graduellement vers la réalisation, domaine dans lequel il se distingue, à l’aide d’une caméra portable, avec laquelle il capte le paysage identitaire en mutation du Québec de la Révolution tranquille. Il tourne avec Gilles Groulx et Marcel Carrière le film fondateur Les raquetteurs en 1958. En 1963, Brault et Pierre Perrault tournent Pour la suite du monde, qui devient le premier classique du cinéma direct québécois. Il réalise aussi le film Les ordres en 1974. En plus de son travail de réalisateur, Michel Brault aura signé la direction de la photographie d’œuvres phares comme Entre tu et vous (Gilles Groulx, 1969), Mon oncle Antoine (Claude Jutra, 1971), Kamouraska (Claude Jutra, 1973) et Les bons débarras (Francis Mankiewicz, 1980). Sa carrière totalisera plus de 200 films, à titre de réalisateur ou de directeur photo.
Pierre Perrault
Né en 1927, Pierre Perrault est un cinéaste, essayiste, écrivain, poète et dramaturge québécois. Il est l’un des pionniers du cinéma direct. En 1955, il commence à travailler comme scénariste pour Radio-Canada. Lors d’un voyage à Charlevoix l’année suivante, il entreprend d’enregistrer la musique locale et d’interviewer les habitants de la région en compagnie de son épouse et collaboratrice Yolande Simard. Ce matériel inspirera une série radiophonique, puis télévisée du même nom : Au pays de Neufve-France. Cette série mènera Perrault à s’intéresser davantage au cinéma. Il propose à l’Office national du film de réaliser un film sur la chasse au marsouin avec Michel Brault qu'il rencontre à cette époque. Pour la suite du monde (1963) sera projeté au Festival de Cannes, une première pour un long métrage canadien. Un court métrage et deux longs s’ajouteront à la série de L'Isle-aux-Coudres. Il réalise ensuite des œuvres plus politiques, comme Un pays sans bon sens (1970), un premier essai dans lequel il met de côté le cinéma direct. Il reviendra toutefois à cette forme dès son œuvre suivante, L’Acadie, l’Acadie ?!? (1971), réalisée avec Brault. Toujours engagé politiquement, il poursuivra sa carrière de cinéaste avec des documentaires en Abititi et dans le Nord-du-Québec, en plus de tenter de retracer la découverte de la province du Québec.
Photo : Collections de la Cinémathèque québécoise